Les femmes dans l’évaluation II
Évaluation immobilière au Canada
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Parmi les membres de l’Institut canadien des évaluateurs (ICE), nous avons la chance de compter un nombre croissant de femmes AACI, CRA et stagiaires qui apportent une contribution importante à la profession d’évaluateur immobilier au Canada. Dans le cadre de ce deuxième volet de « Les femmes dans l’évaluation » (voir le volume 65, tome 1, 2021), nous sommes fiers de présenter deux évaluatrices extraordinaires qui relèvent les défis de notre profession et mènent des carrières pleines de succès.
Heather Payne (AACI, P. App)
Vice-présidente, Logement pour personnes âgées et soins de santé | Cushman & Wakefield
« Recherchez la diversité : dans le réseau que vous construisez, les informations et les données que vous explorez, et le type de travail que vous poursuivez. »
Selon vous, qu’est-ce qui a contribué de manière significative à votre réussite professionnelle?
D’après mon expérience personnelle, j’ai constaté qu’il est essentiel de construire un réseau solide, car il est possible d’apprendre de chacun, quelle que soit notre expertise. Bien que les personnes qui travaillent dans le domaine de l’évaluation aient l’expérience et l’ensemble de compétences les plus comparables, il est incroyablement précieux d’élargir votre réseau pour inclure celles qui sont actives dans toutes les facettes de l’immobilier, y compris celles qui jouent un rôle dans la finance, la planification et les municipalités.
Nous nous appuyons fortement sur les informations du marché pour nous assurer que nous saisissons les nuances d’une classe d’actifs et d’un marché. Disposer d’un réseau très large permet de bien comprendre les éléments fondamentaux du marché, ce qui constitue une base essentielle pour chaque contrat de service que j’entreprends.
Avez-vous eu des mentors lorsque vous avez commencé votre carrière et comment cela vous a-t-il profité?
J’ai bénéficié d’un certain nombre de mentors et de modèles exceptionnels tout au long de ma carrière, mais je peux dire que l’une des personnes les plus influentes au début de ma carrière était une femme mentor.
Elle avait acquis une grande expérience du travail et du leadership avant de devenir évaluatrice et a vraiment montré l’exemple. Elle démontrait quotidiennement qu’avec la diligence requise, aucun contrat de service ne pouvait être refusé. Travailler en étroite collaboration avec elle m’a inculqué la conviction qu’il m’était possible de devenir une dirigeante dans notre secteur en m’appuyant sur de solides recherches, une bonne connaissance du marché et un travail acharné.
Parlez-nous de votre expérience professionnelle?
J’ai commencé dans une société d’évaluation immédiatement après avoir obtenu mon diplôme de premier cycle. Il s’agissait d’un cabinet d’évaluation et de consultation de type boutique qui excellait dans l’offre d’une gamme de services, y compris le soutien aux litiges. Étant donné la diversité du cabinet, j’ai pu participer à des contrats de service d’évaluation et de consultation qui variaient en termes de type d’actif, de zone de marché et d’objectif.
Le fait de disposer d’un large éventail d’expériences s’est avéré extrêmement précieux dans la formation de ma carrière. Comme les développements sur tous les marchés évoluent pour inclure une gamme d’utilisations, cette envergure de connaissances sur tous les actifs a été incroyablement bénéfique. De plus, cet éventail d’expériences m’a aussi donné l’occasion d’explorer mes intérêts, ce qui m’a finalement conduit à me concentrer exclusivement sur les logements pour personnes âgées, et a démontré que notre industrie ne se limite pas uniquement aux contrats de service d’évaluation.
Quel est votre cheminement éducatif?
J’ai obtenu un diplôme de premier cycle en aménagement urbain à l’Université Western, suivi d’un diplôme d’études supérieures en économie foncière urbaine (DULE) à la Sauder School of Business de l’UBC. Le programme d’aménagement urbain était conçu pour mettre l’accent sur les principes fondamentaux du commerce et du marché de l’immobilier et, à ce titre, il couvrait un large éventail de sujets. Cette formation a été complétée par le DULE, qui se concentrait de la même manière sur les affaires de l’immobilier. Ces programmes ont été exceptionnellement bénéfiques car ils couvraient les principes fondamentaux que les évaluateurs et les consultants utilisent au quotidien.
Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes évaluateurs, en général, et aux évaluatrices, en particulier, qui cherchent à progresser dans leur carrière?
Le conseil que je donnerais à tout le monde serait d’approfondir leurs connaissances dans le domaine, car notre profession est beaucoup plus large que l’évaluation exclusive. Il existe de nombreux contrats de service de consultation et de diligence raisonnable qui sont mieux assurés par des évaluateurs désignés, car nous avons l’expérience du marché, les exigences en matière de formation et le cadre réglementaire pour fournir des services de qualité supérieure à nos clients.
La capacité des évaluateurs désignés à offrir une gamme de services, y compris, mais sans s’y limiter, les évaluations, est un aspect qui devrait être pris en considération par quiconque cherche à faire progresser sa carrière.
Que pensez-vous de la représentation des femmes dans le domaine de l’évaluation?
La composition de l’industrie immobilière continue d’évoluer avec une plus grande représentation globale, ce qui profite à tous.
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Sophia Campbell (AACI, P. App)
Évaluatrice principale en biens immobiliers | Agence du revenu du Canada
« Vous ne devriez jamais renoncer à vos rêves ou à vos ambitions, mais vous devriez toujours être prête. »
D’après vous, qu’est-ce qui a contribué de manière significative à votre réussite professionnelle?
Les deux choses que j’identifierais comme faisant partie intégrante de ma réussite professionnelle sont le fait d’avoir une solide formation académique et d’avoir eu un bon mentorat tout au long de ma carrière.
Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j’ai décroché mon premier emploi à temps plein dans une société de courtage et d’évaluation, principalement grâce au stage que j’y avais effectué pendant mes études. J’ai toujours eu une capacité d’apprendre rapidement et j’étais prête à travailler dur et à accepter toutes les tâches qui m’étaient confiées, petites ou grandes. Avoir la formation et, surtout, la volonté de progresser à chaque étape a été la clé de ma réussite. Trouver de bons mentors, dans une certaine mesure, dépend de la volonté de faire le travail et d’acquérir rapidement de nouvelles compétences et idées. Je conseillerais à tous les nouvelles évaluatrices de faire preuve de dynamisme et d’être prêtes à se présenter et à faire du bon travail. Les gens apprécient quelqu’un qui est fiable et qui est prêt à faire un effort supplémentaire.
Pourquoi avez-vous choisi l’évaluation immobilière comme profession?
À l’origine, j’avais prévu de devenir avocate de la défense au pénal. Après avoir passé une journée avec un ami de la famille qui exerçait cette profession, j’ai réalisé que la faculté de droit n’était pas pour moi. J’ai fait une spécialisation en géographie à l’Université Ryerson et, au cours de ma troisième année, j’ai dû faire un stage dans le cadre des exigences de mon diplôme. Il se trouve que mon stage se déroulait dans une grande maison de courtage et j’ai obtenu un emploi dans leur service d’évaluation. À mesure que je passais mon stage et que j’obtenais une prolongation pour rester plus longtemps, j’en apprenais davantage sur la pratique de l’évaluation et j’aimais l’indépendance et la flexibilité qu’elle offrait.
Quel est votre parcours éducatif?
Mon diplôme en géographie comportait des cours sur la localisation, l’utilisation des terres et la planification, qui sont des aspects fondamentaux en évaluation immobilière. Je possède également la désignation d’AACI, le titre de Senior Right of Way (SR/WA ─ titres en matière de droits de passage/expropriation), et une licence de courtier immobilier. Je suis aussi membre stagiaire de l’Appraisal Institute des États-Unis et je travaille à l’obtention de ma désignation MAI (Member, Appraisal Institute). Je ne veux jamais cesser d’apprendre ou de progresser; il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre dans notre profession.
Avez-vous eu des mentors au début de votre carrière et comment cela vous a-t-il profité?
J’ai eu beaucoup de merveilleux mentors dans ma vie, que ce soit en tant que superviseurs directs ou collègues. Il est très important de s’entourer de personnes qui sont passionnées par la profession immobilière, mais aussi par la transmission de leurs connaissances. Avoir ces mentors, collègues ou superviseurs vous aide à grandir en tant que professionnelle et en tant que personne. À mon avis, la clé de la réussite dans n’importe quel domaine est de pouvoir nouer des relations solides, fondées sur le respect mutuel. Avoir un mentor en qui vous pouvez avoir confiance et que vous pouvez respecter, mais aussi aspirer à être comme lui, est une trouvaille rare. J’ai eu la chance d’en avoir plusieurs tout au long de ma carrière.
Avez-vous rencontré des barrières ou des obstacles propres aux femmes que vous avez dû surmonter?
Je pense que le défi auquel de nombreuses femmes seront confrontées lorsqu’elles voudront progresser dans leur carrière sera de trouver un équilibre avec leur rôle de mère. Être une mère à un poste de direction exige des sacrifices ─ vous devez répondre aux exigences d’un emploi, mais aussi d’une jeune famille. La maternité, les enfants et les obligations familiales vont bouleverser vos priorités et les choses ne se passent pas toujours comme prévu. J’ai dû concilier les défis de la maternité avec ceux d’une carrière réussie et exigeante. Avec mon troisième enfant et la perte de l’aide de ma mère pour cause de maladie, j’ai réalisé que je ne pouvais pas me consacrer à 100 % aux deux rôles, surtout en étant au sommet de mon domaine, ce qui exigeait un grand niveau d’engagement. Prendre la décision difficile de prendre du recul m’a donné l’équilibre dont j’avais besoin pour être une mère de jeunes enfants, tout en maintenant une carrière à un rythme plus lent.
En tant que femme, j’ai dû reconnaître que c’était un défi (pas impossible ou insurmontable), mais je devais m’y préparer. Certaines femmes peuvent gérer cela plus facilement que d’autres, avec les structures de soutien appropriées, mais cela demande de la planification et de la prévoyance.
Ces barrières ou obstacles existent-ils encore?
Beaucoup de ces défis changent aujourd’hui car les lieux de travail offrent une plus grande flexibilité, notamment avec le travail à domicile et les options d’horaires flexibles.
Nous nous mettons beaucoup de pression en tant que femmes pour être de bonnes mères, épouses et partenaires et pour être au sommet de nos carrières, mais cela peut avoir un impact physique et mental. C’est pourquoi je pense que le mentorat féminin est si important pour les jeunes et futures évaluatrices. Une personne qui a vécu la maternité au sein de cette profession est mieux placée pour guider et mieux préparer la jeune génération d’évaluatrices. Il ne faut jamais renoncer à ses rêves ou à ses ambitions, mais il faut toujours être prête si la maternité est ce que vous voulez. Je comprends que toutes les femmes ne veulent pas être mères et que certaines, malheureusement, ne peuvent pas l’être. Il s’agit donc simplement de ma propre expérience et de la façon dont je vois les choses changer pour le mieux.
Dans l’ensemble, la main-d’œuvre se rend compte que si elle veut que les femmes participent, elle doit leur accorder une plus grande flexibilité. Les jeunes femmes dans la profession auront, espérons-le, moins de défis et d’obstacles parce que les lieux de travail sont beaucoup plus compréhensifs de la dynamique qui est en jeu pour les mères qui travaillent.